Suspendu
La journée d’une audition de fin d’année, dans un conservatoire national de danse classique. Au programme, une variation à deux, une première pour ces élèves de 14 ans.
Pierre est passionné. Mais son adolescence semble l’éloigner du canon des ballets : son corps est trapu et excessivement musclé, contrastant avec celui, longiligne, des autres garçons de sa classe.
Arrivé aux aurores pour s’échauffer, Pierre se blesse à la cheville. Tentant de l’ignorer et le dissimulant à ses camarades - à commencé par Léa, sa partenaire de danse - la douleur sera de plus en plus insoutenable.
Il s’écroule pendant l’audition et est remplacé par son camarade Antoine. Dévasté, désavoué par Léa, le garçon va pour rentrer chez lui. Mais Il se ravise, revient le soir tombé dans la salle d’échauffement sombre et déserte.
Répétant en boucle sa variation, luttant de mieux en mieux contre son intense douleur, il entre dans une longue transe à l’issue de laquelle il s’envole un instant dans la salle. Avant de retomber, épuisé et blessé pour de bon.
Note d'intention
Rappelé à mes expériences de la danse classique et du conservatoire de Lyon - où j’ai pratiqué la musique de façon intensive - j’ai voulu raconter l’histoire d’un dépassement de soi. Le film prend la forme d’une immersion sensorielle - crue et presque sans parole - dans le point de vue d’un jeune passionné de danse, en lutte avec son corps.
C’est également un fragment d’adolescence : autour du personnage, les corps sont autant des instruments de travail façonnés par la danse, que d’étranges objets de désir. Son corps à lui semble marqué par une croissance musculaire incontrôlée, c’est une nouvelle enveloppe trop sauvage qu’il tente de maîtriser.
J’ai voulu que le casting intervienne en parallèle de l’écriture, dans l’idée d’une démarche documentaire. Les interprètes principaux sont réellement de jeunes élèves dans des conservatoires d’importance, et s’il s’agit d’une fiction, le film s’est aussi construit autour de leurs personnalités.
Elie Grappe